La place des femmes dans les soins traditionnels en Polynésie française par Simone Grand, le 08 juin 2011
Cette conférence a été proposée par Femmes au-delà des mers dans le cadre du Festival Hotu Ma’ohi, organisé par la Délégation de la Polynésie française à Paris. A l’heure où l’on valorise la tradition et la transmission de savoirs immatériels, le sujet, La place des femmes dans les soins traditionnels, revêt un intérêt particulier. L’événement illustre la démarche de Femmes au delà des mers. Partager un savoir avec un public de tous horizons, faire découvrir sous un autre jour une région, en l’occurrence la Polynésie, mettre en lumière une femme au parcours exceptionnel et profiter de son expertise. Ces actions de regards croisés, à l’origine de la création de l’association, répondent également aux objectifs de 2011 Année des Outre-mer.
Dans le public venu de tous horizons, où les hommes étaient aussi présents que les femmes, des personnalités comme M. Claudy Siar, Délégué interministériel pour l’égalité des chances des français d’Outre-mer, Mme Dorianne Temarii de la Délégation de la Polynésie française et son équipe, M. Christian Coiffier du Musée du Quai Branly, Mme Hélène Guiot, commissaire de l’exposition Tai Kahano à la Mairie du 1er arrondissement de Paris, Mme Manouche Lehartel, Vice-présidente du FIFO et grande spécialiste de la danse traditionnelle tahitienne .
Après un mot de bienvenue de la Présidente, Gisèle Bourquin, et de Madame Barsolle, Directrice de la Maison des Associations du 16ème arrondissement, Simone Grand a présenté ses travaux de recherche en avançant que selon l’OMS, la médecine traditionnelle est la somme totale des savoirs, expertises et pratiques de soins holistiques, somme reconnue et acceptée par la communauté pour son rôle dans le maintien de la santé et le traitement des maladies. Elle est basée sur la théorie, les croyances et expériences qui sont indigènes aux différentes cultures. Elle s’est maintenue et développée à travers les générations.
A Tahiti, les premiers navigateurs ont témoigné de leur efficacité en constatant à quel point les insulaires étaient en bonne santé et ne souffrant que de très peu de maladies.
Toutefois, les soins traditionnels furent mis en échec par les maladies introduites par les premiers navigateurs et ceux qui débarquèrent par la suite.
Avec l’instauration du système de santé français à la fin du 19è et surtout au début du 20è siècle, les soignants traditionnels appelées tahu’a furent interdits d’exercer et entrèrent dans la clandestinité.
Aujourd’hui, des femmes et des hommes perpétuent des gestes ancestraux pour apaiser la souffrance voire guérir les patients qui se présentent devant eux.
Ce qui distingue les femmes des hommes s’observe par des nuances:
– dans l’affirmation de son savoir,
– dans l’introduction ou non de la notion de « pouvoir »
– dans la forme d’altruisme exprimée
– dans la transmission de son savoir.
S’en est suivi un échange riche entre Mme Grand et le public. Parmi les questions abordées :
– Qu’est-ce que le mana ?
– Les femmes ont beaucoup recours aux plantes médicinales, qu’utilisent les hommes ?
– Mais que se passe t-il quand « ça dérape » ?
– Vous parlez de pratiques illégales, est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
– Quelle serait la place des matrones/sages-femmes en Polynésie française ?
– La tatouage est-il lui aussi considéré comme un soin traditionnel reproduit par les tahu’a ?
– Y a-t-il, dans les soins traditionnels polynésiens, des pratiques pour la fin de vie ?
– Avez-vous remarqué des similitudes à Hawai’i et en Nouvelle-Zélande?
– Est- ce qu’on peut dire que les pratiques de la femme sont les mêmes aux Marquises, à Tahiti que ou aux Tuamotu?
– Quels sont les différents types de soin ?
Les thèmes de transmission de mémoire ayant été souvent évoqués au cours de la soirée, ce fut l’occasion de rappeler le chantier de l’association en cours: Mémoire et Patrimoines. Il se décline en deux volets : d’un côté les personnes avec portraits de femmes aux talents insolites ou itinéraires singuliers ; à côté de ce patrimoine humain, un patrimoine privé et unique que sont les objets, documents, correspondances, qui constituent une partie de l’Histoire.
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