(extrait du rapport MISSION D’EXPERTISE ET DE RAYONNEMENT CULTUREL, remis par la délégation
La rencontre avec la délégation de la Direction de la Culture, Condition Féminine et Citoyenneté en MISSION D’EXPERTISE ET DE RAYONNEMENT CULTUREL ) a eu lieu au siège de Femmes au-delà des Mers à la maison des associations du 16ème.à Paris le 3 avril 2018
La présidente Gisèle BOURQUIN a introduit l’échange puis la délégation a remercié pour l’invitation par un geste coutumier symbolique permettant de parler de la culture kanak et des réalités calédoniennes.
Elle a présenté l’association FAM dont les objectifs consistent à :
– développer un réseau d’échanges entre les personnes des collectivités d’Outre-mer, celles d’Hexagone et d’Europe, passerelle de savoirs liés aux femmes de la « planète Outre-mer ». – promouvoir un regard diversifié sur notre société en transmettant des valeurs, des cultures inscrites dans leur temps pour imaginer un futur plus partagé et une fierté de vivre ensemble.
Les activités de FAM se déclinent autour du programme d’envergure Mémoire et Patrimoines, qui révèle et valorise le patrimoine matériel et immatériel des collectivités d’Outre-mer.
FAM organise des cycles de rencontres, colloques, manifestations (visites guidées d’expositions, projection de films) autour de l’Outre-mer mais toujours en résonnance avec l’actualité.
Mme GOPOEA est ensuite intervenue pour présenter le secteur de la culture, de la condition féminine et de la citoyenneté du GNC dont le bilan de la condition féminine en Nouvelle-Calédonie (cf. : annexe 1).
Les échanges avec le public se sont surtout établis sur la question du travail en partenariat avec la société civile (les autorités coutumières, les églises, le monde associatif, le monde syndical etc.).
En effet, en Nouvelle-Calédonie, la démarche est de travailler avec les hommes car l’amélioration des conditions de vie des femmes calédoniennes est un enjeu de société. Par exemple, l’évolution du droit coutumier doit se faire en travaillant avec les hommes.
La question des successions en terres coutumières doit être réfléchie avec les hommes. Sans cela, l’approche développée par le secteur de la condition féminine du GNC ne peut entraîner la réalisation pleine et entière de l’objectif de Bien-être. Cela pour mieux asseoir l’émancipation des femmes.
Les personnes présentes étaient surprises par la définition du rapport homme-femme dans la société kanak, les femmes françaises ont trouvé qu’il y avait une différence. En ce sens qu’il s’agit d’un rapport de fonctions à fonctions et non d’un rapport de force ou de compétition.
On leur explique que dans la société kanak chacun et chaque groupe de personnes a un rôle prédestiné à jouer dans l’équilibre social et chacun doit respecter l’autre dans son rôle propre pour atteindre cet équilibre. La colonisation avec ses lumières et ses ombres a entraîné, entre autre, un bouleversement des codes sociétaux kanak et donc une mutation des rôles.
La femme kanak ne revendique pas la place de l’homme ou une autre place que la sienne dans la société, elle revendique le respect de ses droits et de ses devoirs (son rôle). L’enjeu n’est pas le pouvoir, l’enjeu est le respect. L’équilibre est le but ultime.
Il y a, bien sûr comme dans toutes sociétés, des problèmes de violences, de discriminations à l’égard des femmes mais la question de l’égalité homme-femme doit se poser différemment que dans la société française. Ainsi, le secteur de la Condition Féminine du GNC ne procède pas par copié-collé de la Métropole. Et le modèle de rapport homme-femme kanak pourrait être envisagé dans les discussions sur l’égalité homme-femme en Nouvelle-Calédonie.
Le combat des femmes pour l’égalité de droit est universel mais que veut dire universel ?
Le Vieux de Ponérihouen : un jour lors d’une Journée Internationale des droits des femmes, un Vieux a pris la Parole et il a dit à l’assemblée en s’adressant spécifiquement aux femmes :
« savez-vous pourquoi nous marchons devant vous lorsque nous nous rendons aux champs, ou pourquoi nous les hommes prenons la parole en public et que vous êtes en retrait ?
C’est parce que dans chacun de ces espace-temps il y a toujours le risque d’un danger, c’est vrai on ne sait jamais vraiment si un ennemi ne va pas surgir de nulle part sur la route des champs ou si l’on s’adresse à un ami ou à un ennemi lorsqu’on présente le geste coutumier. Nous devons être en première ligne pour parer aux mauvais coups car vous êtes plus importantes, vous êtes les garantes de la survie de nos traditions, c’est là votre noble fonction. »
La question calédonienne essentielle aujourd’hui est la suivante : qui est la femme calédonienne dans une société calédonienne en pleine mutation ? Quels sont les critères qui la définissent ? Quel est son rôle dans la construction du vivre ensemble ? Quelle est sa définition du bien-être ?
Tout le travail des femmes engagées consiste à faire émerger ces questionnements, ils existent des réponses, mais quelle réponse commune apporter dans une société qui se voudrait pluriculturelle ?
Ainsi, le public a apprécié les échanges leur permettant de sortir du cliché « sous les cocotiers, on a l’impression qu’il n’y a rien qui se passe ». En effet, les personnes présentes ont félicité la qualité du travail effectué par le GNC, et sont étonnées qu’une petite île comme la NC soit alignée sur les mêmes enjeux que d’autres pays du monde.