Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité

Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité

Le Colloque Féminin Plurielles a été organisé par les Marianne de la diversité dans le cadre de la journée internationale de la Femme à la Maison d’Amérique Latine : Gisèle Bourquin a participé à la table ronde « Femmes engagement mémoire ».

En marge de la Journée internationale de la Femme, les Marianne de la diversité* ont organisé un colloque le 6 mars 2009** rassemblant une assistance nombreuse autour de leurs parrains et marraines. Présente à ce titre, Gisèle Bourquin avait également accepté de se faire l’interprète de l’hommage que cette assemblée tenait à rendre au poète Aimé Césaire. Il s’agissait en outre de la première manifestation s’inscrivant dans le cadre du partenariat noué entre les Marianne de la diversité et l’Association des Femmes saoudiennes pour le Dialogue et la Paix (LLLS).

 

« AU FÉMININ PLURIELLES »

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Le colloque, animé par Nadia Bey, journaliste à Radio Orient, s’est déroulé en présence d’un auditoire aussi attentif que chaleureux, expression manifeste du désir de rencontres, de découvertes et d’échanges des participants. Le salon de la Maison de l’Amérique latine s’était rapidement rempli d’auditrices – et de quelques auditeurs quand même ! – parmi lesquelles on remarquait une majorité de jeunes femmes issues de l’immigration maghrébine.marianne-public Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité
Ce phénomène est sans nul doute une conséquence directe des circonstances qui ont suscité l’émergence des « Marianne de la diversité » dans le paysage associatif français, circonstances rappelées par la Présidente Fondatrice de l’association dans son message d’ouverture du colloque. Quoique peu nombreux, les invités antillais, africains, asiatiques et français de souche – avec une nette prédominance féminine parmi eux, également – témoignaient néanmoins de la volonté d’ouverture des Marianne à toutes les composantes de la diversité.
Cette association se veut un regroupement de républicains désireux d’aider la diversité féminine à contribuer au renforcement de la cohésion sociale. Ce qui revient à promouvoir la diversité en tant qu’enjeu démocratique et facteur de renouvellement dans une République réconciliée avec toutes ses composantes. Une telle démarche implique « une défense active et concrète du droit de chacun à vivre pleinement sa singularité culturelle dans le respect de la dignité de la personne, conformément à la Déclaration des Droits de l’Homme », peut-on lire dans la déclaration d’intention de cet organisme. Ce qui, de la part de cette association laïque, sous-tend une volonté de contribuer à « la prévention de toutes les formes de discriminations directes et indirectes dont peuvent être victimes les jeunes filles, les femmes, » dans notre pays. Et ce, grâce au « dialogue des cultures ».marianne-gb-539x1024 Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité

Les deux tables rondes du colloque ont parfaitement illustré ce programme, la première proposant une réflexion sur « L’expression au féminin, entre miroir et mémoire », la seconde se voulant une incitation des femmes à l’action sous le titre de : « Aux actes citoyennes ! » Cette détermination à utiliser le dialogue et les échanges autour des particularismes culturels pour rapprocher les individus par-delà leurs différences apparentes et pour faire émerger des complémentarités, sources d’enrichissements réciproques et de tolérance, a favorisé le rapprochement entre les Marianne de la diversité et l’Association des Femmes saoudiennes pour le dialogue et la paix (LLLS)***.

En effet, Latifa Al-Sowayel, la jeune Présidente Fondatrice de LLLS, elle-même artiste peintre et designer, a entrepris de rassembler des femmes saoudiennes artistes et créatrices, désireuses de donner une visibilité à la femme arabe, en utilisant le talent comme vecteur de messages de paix et de tolérance dans le monde d’aujourd’hui. Bien que beaucoup moins politique que celle des Marianne de la diversité, cette démarche ne pouvait laisser ces dernières indifférentes.
Les informations recueillies durant cette journée et rapportées ici sont celles qui nous ont paru les plus susceptibles de retenir l’attention des adhérentes de l’association Femmes Au-delà des Mers. Il ne s’agit donc pas du compte-rendu intégral du colloque.

PORTRAITS, PARCOURS ET PAROLES DE PARTICIPANTS
I – Le message de Fadila Mehal, Présidente Fondatrice des Marianne de la diversité

marianne-fadila Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité En 1995, à la suite de ‘la révolte des banlieues’, j’ai ressenti le lancement des Marianne de la diversité comme une urgence : il fallait prévenir les représentations que pouvaient  enclencher ces violences dans l’opinion publique, avec un fort risque de généralisations aussi fausses que dangereuses », explique Fadila Mehal.

« Pour quiconque adhère au programme de l’association, la diversité n’est pas un fardeau.
Bien au contraire ! Car notre force et notre efficacité s’enracinent dans nos expériences. Nous avons appris sur le terrain de nos propres vies que la réflexion doit précéder l’action. C’est pourquoi, notre mouvement, à caractère national, a recherché et obtenu le soutien de personnalités aux savoirs reconnus, dont l’accompagnement nous est nécessaire, poursuit-elle.

Nous savons également que, pour agir, une association doit pouvoir peser sur les décisions des responsables politiques. C’est pourquoi, lors des dernières élections européennes, nous avons apporté notre soutien à toutes les femmes candidates au sein des divers partis républicains. Et, aujourd’hui, dans le cadre des souhaits exprimés à
l’occasion de la Journée de la femme 2009, nous demandons que 2010 soit déclarée l’année de la lutte contre les violences faites aux femmes. »
Fadila Mehal semble ne pas cesser de penser ensemble les femmes des deux rives de la
Méditerranée, tant elle est convaincue que « Les Marianne de la diversité représentent une opportunité riche de possibilités pour nombre de pays méditerranéens où, aujourd’hui encore, les femmes demeurent les chevilles ouvrières de la vie quotidienne », pour reprendre ses propres termes.

« L’association s’est fixée pour objectif d’accompagner l’émergence sur la scène sociale de toutes celles qui, au sein de cette armée de femmes d’ici et de là-bas, sont prêtes à faire leur, l’injonction que nous adresse Gisèle Halimi dès le titre de son dernier livre : ‘Ne vous résignez jamais’ », conclut-elle.

II – Le message de Rama Yade, Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères et aux Droits de l’Homme

marianne-rama-yade Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la DiversitéRetenue ailleurs par ses fonctions, Rama Yade a pu néanmoins exprimer sa sympathie et sa solidarité avec les organisateurs et les participants au colloque grâce à ce message télétransmis : « Les ‘Marianne de la diversité’ ont vocation à s’étendre, à rayonner à l’intérieur de notre société et dans le monde. Car, dans tous les pays que je traverse, les droits les plus souvent bafoués sont ceux des femmes. Et, seules des associations du type des ‘Marianne de la diversité’ peuvent donner consistance à un projet politique en ce domaine. »

III – Le message de la philosophe Blandine Kriegel

«Nos jardins à la française ne sont qu’une variante des jardins italiens, eux-mêmes survivance de ceux qui entouraient les villas de la Rome antique, et dont Marie de Médicis avait introduit la mode dans notre pays. Plus généralement, il n’y a pas de civilisation sans diversité. Le siècle des Lumières a su reconnaître cette origine plurielle de notre civilisation chrétienne, laquelle s’enracine dans celles de la Grèce et de la Rome antiques
qui n’avaient pas rencontré l’Égypte pharaonique sans s’en trouver marquées. Néanmoins, il nous a fallu les apports du monde arabe et de Byzance pour que, à la Renaissance, puissent advenir enfin nos retrouvailles avec ce lointain passé », rappelle Blandine Kriegel.
« Peuples du Nord et peuples du Sud, nous avons reçu la Méditerranée en partage, cette « Mare nostrum » des Romains, comme nous le signifient Timgad et Tipasa, deux parmi les innombrables joyaux de notre héritage culturel commun, poursuit-elle. La Méditerranée est le témoin d’un passé que nous devons percevoir comme une injonction au partage, c’est-à-dire à l’acceptation de l’autre en tant que partenaire. Ce qui implique la reconnaissance de notre diversité culturelle », nous avertit-elle.
« Aujourd’hui, cette reconnaissance de la diversité nourrit le débat sur la discrimination. Mais entretenir ce débat revient à ignorer que le principe d’égalité entre les hommes est inscrit dans la Loi ! Il nous suffit donc d’en imposer l’application, relève-t-elle. C’est d’ailleurs ce que demande Fadila Mehal. Comment y parvenir ? Grâce au politique. »

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IV – Le message du sociologue Edgar Morin

« L’humanité est une, mais chaque individu est différent des autres. On ne peut concevoir l’unité que par rapport à la diversité, la richesse de l’unité étant le produit de la diversité, comme en témoigne la pluralité des langues », déclare cet universitaire pour qui l’égalité entre les individus ne saurait se réaliser en dehors d’une reconnaissance réciproque des spécificités perçues enfin en termes de complémentarités.
Ce sociologue rappelle que : « Dans les sociétés archaïques, comme dans les sociétés historiques, ont cohabité culture féminine et culture masculine, cette dernière étant celle de la conquête, de la domination y compris de la domination de la culture féminine, mais, aujourd’hui, nous sommes au seuil d’une nouvelle ère, porteuse d’une nouvelle Ève ». Il considère d’ailleurs que, nonobstant ces conditionnements anciens, le féminin et le masculin ont toujours préexisté en chacun de nous, comme le signifiait déjà Michelet quand il écrivait : ‘Mon esprit porte en lui les deux sexes’. Un constat qui, néanmoins,
ne semble pas aller sans une pointe de nostalgie pour la culture féminine d’antan, – pour celle de nos aïeules bretonnes notamment – dans l’esprit de ce grand connaisseur de l’histoire de nos sociétés !…

V – Le message de l’écrivaine Chantal Chawaf

« Dans le temps matriciel de l’histoire de chacun de nous, nous commençons non pas solitaire, mais à deux. Plus tard, au cours de notre temps de vie individuelle, nous nous trouvons tous confrontés à la vulnérabilité de notre espèce. »
Une vulnérabilité dont témoigne le destin de nombre de femmes des banlieues dites « à risques » et qu’illustre « Les Obscures », dernier roman paru en 2008 (éd. des femmes) de cette écrivaine entrée en littérature en 1974 et auteure de plus d’une vingtaine
d’ouvrages. Dans « Les Obscures », en effet, l’héroïne est une adolescente turque qui a
grandi dans une banlieue sinistrée, à l’architecture propice à la relégation, à la ségrégation ; cette jeune fille est hospitalisée dans un établissement
psychiatrique édifié au milieu de tours, non loin d’un dépôt d’hydrocarbures…
Française mariée à un Syrien, Chantal Chawaf – de son nom de plume – semble particulièrement sensibilisée aux problèmes des femmes que leurs conditions d’immigrées acculturent, les privant de repères solides. D’où, certainement, son intérêt pour les ‘Marianne de la diversité’ dont elle soutient l’action.

VI – Le message de Gisèle Bourquin, Présidente Fondatrice de l’Association Femmes Au-delà des Mers

marianne-gb2-1024x542 Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité« Dans les années 1960, au service de location de chambres aux étudiants, – le COPAR, devenu le CROUS -, nombre de propriétaires inscrivaient, en marge des informations qu’ils fournissaient, un M, spécifiant ainsi qu’ils n’acceptaient pour locataires que des métropolitains, se souvient Gisèle Bourquin. A la même époque, j’ai refusé de me rendre aux États-Unis pour ne pas avoir à me déplacer en ville dans des autobus réservés aux Noirs, poursuit-elle. Mais je n’ai vraiment commencé à réagir à ces faits d’une discrimination ordinaire qu’en 1965, à partir de ma rencontre avec Aimé Césaire, son oeuvre et son action. Cette prise de conscience a enclenché en moi une vigilance qui continue à s’exercer aujourd’hui encore.
« Qui, dans les années 1970, aurait été en mesure de prévoir l’élection de Nelson Mandela à la tête de l’Afrique du Sud, en 1994, puis, celle de Barack Obama à la tête des États-Unis, en 2008 ? Alors, seul un poète, pourfendant l’esprit de résignation, pouvait exprimer de tels rêves d’avenir. C’est ce que n’a cessé de faire Aimé Césaire. Ainsi, dès ‘Et les Chiens se taisaient’, véritable orotario lyrique paru en 1946, Aimé Césaire donne vie au personnage du Rebelle qui proclame avec une fière colère : ‘Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ; mon état : révolté ; mon âge : l’âge de la pierre’ « Identité, colonisation, aliénation, émancipation, indépendance, liberté, tous ces thèmes sont présents dans les poèmes et les pièces de théâtre de Césaire. Le poète s’est voulu la voix de tous les siens, comme il le signifie parfaitement dans son célèbre Discours sur le colonialisme prononcé en 1950 : ‘ Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.’ Mais tout au long de son oeuvre et tout particulièrement dans son théâtre, à travers la tragédie des siens, le poète dramaturge s’exprime au nom de tous les peuples asservis, rejoint l’universel. De plus, ce rebelle, cet homme de conviction, refuse le balancier : se voulant le porte-parole d’une démarche positive, tournée vers l’avenir, il rejette l’idée que cette revendication identitaire puisse conduire à la rancoeur et à une confrontation belliqueuse, insiste Gisèle Bourquin. Dès le ‘Cahier du retour au pays natal’ , rappelle-telle, le poète, alors âgé de 23 ans, écrit : ‘Faites de ma tête, une tête de proue et de moi-même, mon coeur, ne faites ni un père, ni un frère, ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils, ni un mari, mais l’amant de cet unique peuple […] Mais ce faisant, mon coeur aussi bien que mon âme, ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine.’

« Aimé Césaire a voulu que cessent de couler les plaies de la mémoire au nom d’une dignité retrouvée et d’une fraternité possible entre les descendants des esclaves et des maîtres d’hier. C’est lui, en effet, qui relève encore : ‘Notre époque, c’est celle de l’identité retrouvée, celle de la différence reconnue, celle de la différence mutuellement
consentie et, parce que consentie, surmontable en complémentarité, ce qui rend possible, je veux l’espérer, une solidarité et une fraternité nouvelles’, a tenu à souligner Gisèle Bourquin.
Ce survol de la pensée d’Aimé Césaire a été longuement applaudi par l’assistance en un
ultime hommage au poète dont l’oeuvre est « un maillon de cette grande chaîne unissant la fraternité, la solidarité et l’humanisme, grande chaîne à renforcer sans trêve », a conclu Gisèle Bourquin.

VII – Le parcours de l’écrivaine Scholastique Mukasonga

marianne-scholastique Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité« C’est le génocide du Rwanda qui a fait de moi une écrivaine, avertit cette jeune femme. Dix ans après le génocide, je suis retournée à Nyamata, pour y rechercher des membres de ma famille, des amis, mais je n’ai retrouvé que des crânes. J’ai éprouvé alors le besoin de témoigner, au sens où l’entend Primo Lévi, c’est-à-dire de témoigner pour redonner visage et chair à ceux qui gisaient éparpillés dans d’immenses charniers. Mais je ne veux pas
qu’on perçoive mon récit comme un exercice de déploration. Car j’ai cherché à reconstruire ce qui avait été détruit. J’ai voulu faire revivre toutes ces femmes à travers ‘La femme aux pieds nus’. J’ai voulu que mes mots redonnent forme au courage dont il leur fallait  faire preuve chaque jour pour choisir la vie face à la mort à laquelle nous étions voués et dont elles pressentaient l’approche. Et, par-delà ces mères-courage, j’ai cherché à témoigner pour toutes les femmes qui, jetées dans les drames de l’Histoire, n’ont cessé de célébrer la vie. »

« La femme aux pieds nus » – éd. Continents Noirs -, est paru en 2008 et a reçu le Prix Séligmann de cette même année. Déjà, en 2006, Gallimard avait publié « Inyenzi ou les cafards », où Scholastique Mukasonga traitait du même drame. Cette jeune femme est née au Rwanda dans une famille tutsi établie sur le territoire de la préfecture de Gikongoro. En 1960, cette famille a été déportée à Nyamata. Bonne élève, Scholastique Mukasonga n’a dû d’échapper au génocide qu’à ses études qui l’ont emmenée à Kigali puis à Butaré d’où, en 1973, elle a fui le Rwanda pour se réfugier au Burundi. C’est dans ce pays qu’elle a achevé sa formation d’assistante sociale, commencé à travailler pour l’UNICEF et rencontré celui qui allait devenir son mari. En 1994, son père, sa mère et trente-sept de ses plus proches parents ont été massacrés. « Ce livre, je l’ai écrit pour tous ceux qui ont été exterminés à Nyamata et dont je suis l’une des seules à conserver la mémoire. J’ai élevé pour eux ce tombeau de papier », peut-on lire sur son blog.

VIII – Le parcours de l’écrivaine Faïza Guène

marianne-f-guène Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité« Ma position de fille d’immigrés pauvres habitant une banlieue dite ‘à risques’ a longtemps occultée mon statut de femme », souligne d’emblée Faïza Guène.
« J’écris sur la diversité en maniant l’humour parce que c’est l’arme la plus efficace qui m’est donnée pour atteindre le plus de lecteurs possibles. Je ne veux pas de déploration victimaire ! Et j’écris sur la diversité en espérant que, bientôt, il ne sera plus nécessaire de le faire, poursuit-elle.
« Je n’appartiens pas à la génération qui a vécu la ‘Marche des Beurs’ ! Je revendique non pas le droit à la différence, mais bel et bien le droit à l’indifférence », insiste-t-elle, avant de poursuivre : « Si une jeune femme issue de l’immigration peut espérer échapper à sa
banlieue, il n’en est pas de même pour un jeune homme, toutes les connotations sales, telles la drogue, la délinquance, attachées à ces zones d’habitation, étant,
aujourd’hui encore, déclinées au masculin. C’est pourquoi je pense que, dans bien des cas, la situation reste plus dure pour les garçons que pour les filles. »
Faïza Guene vient de publier son troisième roman, « Les gens du Balto », dont l’intrigue a
pour cadre, au bout d’une ligne de RER, Joigny-les-Deux-Ponts, un lieu urbain à la
jonction entre les tentacules des banlieues de la capitale et la France profonde. Son premier roman, « Kiffe kiffe demain », paru en 2004, lui a valu d’emblée des milliers de lecteurs, et le second, « Du rêve pour les oufs », une page entière dans le journal le Monde à la rubrique « portrait », sous le titre : « La sale môme qui écrit des best-sellers » (le Monde du 13 septembre 2006).
Il était une fois… un enseignant qui repère en l’adolescente Faïza Guène, « une bosseuse qui a du talent »… Une soeur de cet enseignant travaille dans le monde de l’édition. « Le déclic, ce n’est pas qu’il ait fait lire le manuscrit à un éditeur, expliquait la jeune femme dans l’interview du journal le Monde, c’est qu’il ait cru en moi. C’est ça qui marque. La confiance. ».
C’est bien la confiance dont les « Marianne de la diversité » veulent contribuer à assurer
le développement, voire le rétablissement, entre les individus et en chacun d’entre eux.

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IX – Le parcours de la cinéaste – documentariste Yamina Benguigui

« Je viens d’une famille socialement très active mais dont le militantisme est axé sur le retour au pays. Alors que j’ai choisi de demeurer ici. J’ai bifurqué en quelque sorte, explique Yamina Benguigui. Et je m’efforce de centrer mon travail sur le ‘non-ressentiment’. Je ne fais pas dans le féminisme pur et dur, non plus, poursuit-elle. Mais le métier de réalisateur de films, notamment de documentaires, reste encore ssentiellement
masculin. Agnès Varda a été pionnière en ce domaine et celles qui l’ont suivie dans cette voie sont encore peu nombreuses. Et ce d’autant plus que la télévision constitue un bastion très fermé qui ne parvient pas à évoluer au rythme des mutations de la société, se désole-t-elle avant de préciser qu’elle est également en charge de la lutte contre les discriminations et pour la défense des Droits de l’Homme à la Mairie de Paris et participe à ce titre aux préparatifs d’un colloque sur les discriminations à travers l’Histoire.
« Je suis une cinéaste engagée, dit d’elle-même Yamina Benguigui. Ce dont témoignent
d’ailleurs ses documentaires, « Mémoires d’immigrés », « Le plafond de verre » et « Le 9-3 », ce dernier dédié à la mémoire de Zyed et de Bouna, les deux adolescents qui ont trouvé la mort en se réfugiant dans un transformateur à Clichy-sous-Bois en novembre 2005. « Quand on me demandait alors ce que je pensais des événements de Clichy-sous-Bois, j’étais incapable de répondre tant j’étais sous le choc. Il m’a fallu une année de réflexion pour pouvoir répondre sous la forme d’un documentaire retraçant l’histoire ouvrière dans le 9-3 », explique-t-elle.
A la sortie du documentaire sur les écrans de télévision, elle avait déclaré : « Mon film,
‘Le 9-3’ n’est ni une histoire de Noirs, ni une histoire de Maghrébins ou de Blancs. C’est une histoire de pauvres ». Devant les Marianne de la diversité, elle a ajouté : « Maintenant, le ‘9-3’ s’est approprié mon regard et mon écoute et peut se raconter à travers les images du film, comme cela s’était produit avec ‘Mémoires d’immigrés’ »

X – Le parcours de la reporter-photographe Isabelle Fougère
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A gauche : Isabelle Fougère, au centre Yamina Benguigui

Cette jeune femme, co-présidente de l’Association des Femmes Journalistes (AFJ), a
publié des reportages sur les migrants, sur l’environnement, sur les femmes dans le monde, entre autres sujets. Parallèlement à son travail de reporter-photographe, elle écrit : elle est notamment l’auteure de nouvelles et de livres pour enfants.
En 1994, elle a fondé, en France, le magazine Sirocco, un trimestriel consacré à la culture et à l’histoire de la civilisation euro-méditerranéenne, réalisé avec le soutien de la Commission européenne et du réseau des Femmes journalistes de
la Méditerranée.
En 2000, elle a lancé le Prix Canon décerné par l’AFJ à une femme photojournaliste.
En 2004, elle a publié ‘L’odyssée moderne’, voyage avec les migrants clandestins du Sahara à la Grande Bleue’ (éditions Images en manoeuvre).
Isabelle Fougère est encore reporter volontaire pour « Médecins du Monde » et auteure
de documentaires. Une vie bien remplie, en somme !

XI – Portrait de Pascal Gentil

marianne-p-gentil Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la DiversitéÉlégant, distingué, l’air grave, ce champion de taekwondo, médaillé des Jeux olympiques
et mannequin « en retraite » selon son expression, s’est engagé dans la lutte pour la protection de l’environnement.
Convaincu que la société n’accorde pas aux femmes la place qui devrait leur revenir, Pascal Gentil a accepté de soutenir les Marianne de la diversité dont il est l’un des nombreux parrains.

XII – Portrait de Malika Bellaribi-le Moal

On l’appelle « la diva des cités ». Cette artiste lyrique a découvert la musique italienne durant les multiples et longues hospitalisations qu’elle a dû subir à la suite d’un accident.
Dès qu’elle commence à chanter, elle n’est plus que passion, élan de tout son corps et sa voix devient force de vie. Elle donne envie de courir au-devant d’elle pour la remercier d’irradier autant d’énergie et de joie.

XIII – Portrait de la chanteuse Sapho

« Je suis née dans une famille juive marocaine, rapporte la chanteuse Sapho. Dansmarianne-sapho Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité une maison dont les portes étaient ouvertes à tous, quelle que soit leur religion, leur langue. Dans une maison dont les habitants étaient polyglottes et aussi…machistes ! De ce fait, en tant que fille, déjà, je me sentais l’autre. Comment échapper à cet enfermement catégoriel à travers la musique ? J’ai décidé de chanter la pluralité culturelle que je portais en moi, c’est devenu ma forme d’engagement en faveur de la diversité. Des débuts de carrière difficiles que Sapho résume avec humour en quelques phrases : « Les producteurs m’ont dit : ‘Si nous, nous ne sommes pas racistes, les gens de radios, eux, le sont’. Puis, les gens de radio m’ont dit : ‘ Si nous, nous ne sommes pas racistes, les auditeurs, eux, le sont’ ! »
« Je suis ravie d’être française, mais une Française ouverte à l’altérité, poursuit-elle. Je suis habituée à être l’autre de l’autre. Je chante à Jérusalem. Mais je chante aussi à Gaza. Je suis parfaitement au diapason des Marianne de la diversité ! »

XIV – Lettres de femmes de Harki

C’est l’écrivaine Fatima Benasci-Lancou qui a reçu et enregistré les témoignages de ces

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La comédienne Souad Amidi

femmes, qui avaient besoin de se raconter, qui souffraient de ne pouvoir s’exprimer, qui lui ont dit : « Toi qui sais ce qu’ont été nos vies, écris pour nous ». Alors Fatima Benasci-Lancou a fait mieux : elle a aidé ces femmes à extérioriser leurs souffrances avec leurs propres mots. C’est la comédienne Souad Amidi qui a lu quelques unes de ces lettres. Un moment d’intense émotion : il ne s’agissait plus de la plainte de telle ou telle Algérienne, mais de celle de toutes les femmes qui, depuis la nuit des temps et encore aujourd’hui, ploient sous la violence d’événements qui, parfois, les brisent sans qu’elles n’y puissent rien.

XV – Rencontre de Najet El…, de passage à « Féminin plurielles »

Cette jeune femme, marocaine, mère de famille, soucieuse des problèmes de protection etmarianne-najet-601x1024 Colloque Féminin Plurielles organisé par les Marianne de la Diversité
d’éducation des enfants de son pays, est entrée en lutte contre le tourisme sexuel dont sont victimes, aujourd’hui encore, ces enfants, justement. Pour faire entendre sa voix, il lui a fallu s’opposer au silence d’une opinion qui préférait ignorer ce problème de société. Et elle est parvenue à briser ce silence. En 2004, elle a créé l’association « Ne touche pas à mon enfant », à laquelle les média français ont fait écho. Il s’agit de la première association de ce type mise en place dans le monde arabo-africain. Cependant, « Aujourd’hui encore, un touriste pris sur le fait n’est condamné qu’à une très petite amende, déplore Najet qui ajoute : « Mais c’est en train de changer ». L’auditoire a longuement applaudi la détermination de cette jeune femme.

M.R.

 

 

FAM

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