Construction de la mémoire kanak : colloque à la Maison de la Nouvelle-Calédonie et au Musée du Quai Branly

Construction de la mémoire kanak : colloque à la Maison de la Nouvelle-Calédonie et au Musée du Quai Branly

Lors du Colloque à la Maison de la Nouvelle-Calédonie fêtant les 25 ans des accords de Matignon et les 15 ans de l’accord de Nouméa,  et de l’exposition au Musée du Quai Branly  « Kanak, l’art est une parole », une délégation gouvernementale de Nouvelle-Calédonie était présente à Paris.  L’occasion pour  Femmes au-delà des Mers de suivre des riches rencontres autour de la culture kanak, de l’avenir de ce territoire et de la construction de la mémoire.

COLLOQUE A LA MAISON DE LA NOUVELLE-CALEDONIE

A l’aube d’une ère nouvelle, puisque le référendum d’auto-détermination de la Nouvelle-Calédonie aura lieu en 2014, ce colloque, du 8 et 9 octobre, a permis de se tourner vers l’Histoire et les défis à relever. La présence des principaux acteurs de l’accord de Nouméa,  mais également d’experts, de scientifiques, journalistes a permis d’éclairer cette problématique de manière tout à fait exceptionnelle : Michel ROCARD, Lionel JOSPIN, Marie-Claude TJIBAOU, Harold MARTIN, députés et sénateurs de Nouvelle-Calédonie ont enrichi les tables rondes…

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Crédit photo : Jean-François Marin/MNC

Les accords de Matignon, signés en 1988, ont mis fin à la « guerre civile » – injustement appelée par euphémisme « les événements » – et ont donné naissance aux Provinces.  Tandis que l’accord de Nouméa, signé en 1998, dans une perspective d’avenir commun, a instauré le gouvernement collégial et le Sénat coutumier. Ces deux accords fondamentaux constituent le gage d’une décolonisation accompagnée et réussie consistant en un transfert progressif des compétences de l’État vers la Nouvelle-Calédonie. Ce processus, initié il y a 25 ans, est sur le point de s’achever : seuls les pouvoirs régaliens doivent faire l’objet d’un référendum en 2014. 

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L’exposition « Kanak, L’art est une parole » au Musée du Quai Branly du 15 octobre au 26 janvier 2014 a été l’occasion d’accueillir les représentants kanak et de les inviter à s’exprimer autour de la sauvegarde de leur culture et de leur art.

Jeudi 17 octobre, Femmes au-delà des Mers a pu assister à une table-ronde « L’émancipation et ses enjeux » au Salon de lecture du Quai Branly qui rejoignait particulièrement la thématique de l’association à savoir la construction de la mémoire à travers la question de la parole, des langues et de leur collecte.

Laurella Rinçon, chargée de mission auprès du Délégué Général à la langue française et aux langues de France, a manifesté sa satisfaction face au retour des langues au musée par la grande porte afin d’explorer le lien entre patrimoine et langues. La langue renferme le savoir qui n’est pas l’apanage de l’écrit et du livre, remarque-t-elle. L’oralité prime ici dans les processus de création et apparaît comme un véritable moyen pour moderniser et réinterroger les pratiques muséales.

Weniko Ihage, directeur de l’Académie des langues kanak, a insisté sur le rôle qu’ont joué les langues dans la construction identitaire, en tant qu’expression même de l’identité kanak. L’interdiction de les pratiquer à l’école en est d’ailleurs l’expression la plus criante.

A la question de savoir si les 28 langues de Nouvelle-Calédonie sont en danger, Weniko Ihage répond que cette société se fonde sur des rituels initiatiques forts : le mariage, les cérémonies, les activités sociales sont encadrées par rituels  où la langue détient une place fondamentale, tant que ces pratiques seront préservées la langue le sera également.

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De droite à gauche : Déwé Gorodey, Weniko Ihage, Wallès Kotra, Laurella Rinçon, Michel Naepels
© musée du quai Branly, JB.

Michel Naepels rappelle que la transmission est essentiellement familiale et différentielle selon les circonstances d’énonciation. L’urbanisation, dans ce cadre, représente un danger d’altération de la transmission. La collecte du patrimoine appartient ainsi à chaque aire coutumière, insiste Emmanuel Kasarhérou, qui seule peut définir ce qu’elle souhaite sauvegarder.

Enfin, la présence de Marie-Claude Tjibaou a permis de revenir sur la première manifestation kanak. « Mélanésia 2000 » en 1975, à Nouméa – la ville « blanche » -,  a marqué un tournant en suscitant une volonté de réappropriation et d’affirmation de leur culture.  Fort de ses 50 000 visiteurs,  cet événement a représenté le point de départ du réveil de la culture kanak dans l’histoire contemporaine.

Pour poursuivre :

Interview exclusive de Déwé Gorodey pour F.A.M., vice-présidente du Gouvernement  et chargée de la culture de la condition féminine et de la citoyenneté.

Suivez la rediffusion en vidéo du Colloque « Les accords – Matignon, 25 ans – Nouméa , 15 ans » sur le site de la Maison de la Nouvelle-Calédonie : http://www.mncparis.fr/actualites/actus/les-accords-de-matignon-et-de-noumea

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Poésie féminine à la Maison de la Nouvelle-Calédonie

« Caledoun, Arabes et Berbères de Nouvelle-Calédonie : hier et aujourd’hui »

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Portrait de Pascale Joannot

Novembre 2013

Vanessa GALLY

FAM

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