Au New Morning, lancement du livre « Elle et Elle » de Marijosé et Frédérique ALIE. Au fil de pages où alternent poèmes, croquis et peintures, Elle, une mère et Elle, sa fille, se disent comment elles se perçoivent l’une, l’autre, mais aussi l’une par l’autre.
Se faisant, elles se livrent, exprimant tour à tour, leur confiance en la vie et leur crainte face aux forces de mort. La chanteuse Marijosé Alie est cette mère, la peintre Fred Alie, cette fille, l’une et l’autre porteuses de racines caribéennes. Deux femmes sensibles au murmure de l’au-delà des mers dans la conque de leur mémoire.
Au fil de pages où alternent poèmes, croquis et peintures, Elle, une mère et Elle, sa fille, se disent comment elles se perçoivent l’une, l’autre, mais aussi l’une par l’autre. Se faisant, elles se livrent, exprimant tour à tour, leur confiance en la vie et leur crainte face aux forces de mort. La chanteuse Marijosé Alie est cette mère, la peintre Fred Alie, cette fille, l’une et l’autre porteuses de racines caribéennes. Deux femmes sensibles au murmure de l’au-delà des mers dans la conque de leur mémoire.
Le recueil s’ouvre sur un dialogue entre mère et fille que Marijosé et Fred ont intitulé « dialogue entre chienne et louve ». Faut-il y lire une allusion à ce moment incertain du jour, à ces heures entre chien et loup propices à la mélancolie, aux peurs irraisonnées, à l’enfouissement des différences sous le manteau de la pénombre ? On se prend à en douter tant ces deux femmes demeurent sauvages et libres à l’intérieur des liens qui les attachent l’une à l’autre, indéfectiblement.
« …Ces phrases que tu me donnais quand j’en avais besoin /ont pétri en partie ce dont je suis faite aujourd’hui. / Tes mots se nichent et dansent dans mes couleurs /… » lui assure-t-elle. Et Marijosé de lui répondre : « …après tous ces silences criés ces luttes corps à corps / ces passions brûlées mes révoltes stériles mais urgentes /[…] /après tout ça tout de suite et si tu le veux bien/je viens me réfugier au creux de tes couleurs. ». Ce dialogue est un moment fort de cette oeuvre à deux talents, Marijosé s’y montrant grave et mélancolique, Fred vive et déterminée, chacune s’adressant à l’autre à la fois du tout loin de l’âge et du tout près de la tendresse. « C’est le temps qui passe maman le temps… », murmure Fred à Marijosé.
Mariejosé Alié et son batteur
Ainsi se termine l’échange ouvert sur ces mots de Marijosé : « Ma fille tu es un tiers et un tout à la fois/ un petit bout d’espace pointé hors du temps/ la joie l’allégresse la peine la tristesse/une chair tendre à fondre toutes les haines/de tous les mondes…tendresse, / ». Entre ces deux moments elles sont parvenues à dire l’essentiel de la manière dont évoluent les liens que tisse l’amour de la vie entre une mère et une fille d’aujourd’hui.
Marijosé Alie est journaliste, membre du Conseil d’Administration de la Fondation d’entreprise France Télévision. À ce titre, elle est chargée des Relations culturelles et de la Coopération de RFO. Elle présente, en outre, le magazine Studio M sur France Ô, émission hebdomadaire qui se veut un point de rencontres culturelles. Mais surtout, elle est connue depuis 1983 pour « Caressé mwen », une de ses compositions qu’elle a chantée avec le groupe Malavoi et qui est devenue un succès et un classique. Depuis, elle n’a jamais cessé d’écrire et de composer.
Comme elle, sa fille, Fred Alie, met en musique et interprète des textes dont elle est l’auteur, mêlant influences groove et soul à des tonalités caribéennes. Des études d’architecture aux Beaux-Arts de Paris ne l’ont pas empêchée d’accompagner sa mère sur scène dès l’âge de 18 ans. Son diplôme d’architecte en poche, elle a décidé de se consacrer entièrement à ses deux passions, la musique et la peinture.
Nicole Gibon, rédactrice en chef de Pilibo Mag et Gisèle Bourquin
Elle et Elle ont fêté la sortie de leur livre au New Morning, club de jazz parisien bien connu, où elles ont réuni leurs amis pour une soirée de lectures et de chansons. Des toiles de Fred Alie, reproduites dans le recueil de poèmes, avaient été installées de part et d’autre de la scène et sur les murs de l’établissement. Parmi les invités, on remarquait, entre autres, Nicole Gibon, Rédactrice en chef de Pilibo Mag, Gisèle Bourquin Présidente de l’Association Femmes Au-delà des Mers et nombre de personnalités ultramarines du monde de la musique et des média. Le poète et romancier Édouard Glissant était présent et a tenu à dire combien il appréciait en Marijosé et Fred la parfaite illustration de la richesse que représente pour un artiste le métissage de ses origines, donc de sa culture.
Impossible de reproduire ici, tous les poèmes de Marijosé et toutes les peintures de Fred. Mais en voici quand même quelques éléments qui devraient donner envie aux Femmes d’Au-delà des Mers et à leurs amis d’en découvrir davantage :
Elle et Elle
Tomaline la jeune fille /Toute petite déjà /Demandait à la vie / 2 moubins pour la bouche / 2 caresses pour le corps / Et un peu d’amour aussi / Au commencement / Elle voulait grandir / Pour comprendre pourquoi / Les zikaks poussent la nuit / les serpents haient les mangoustes/ Et la pluie mouille les hommes /Quand Tomaline grandit/Les mains devenues trop petites /Pour qu’elle y cache son coeur/Les seules caresses qu’elle eut /Celles d’un homme qui la bouscule /Et lui explique/ Que c’est l’amour,/ Et tomaline attend / Les mains sur les étoiles /La magie de la vie / Le seul homme qu’elle a gardé / C’est un petit bout d’homme / Qui l’appelle maman/ Quand Tomaline vieillit / Priant dans sa case/ Pour que le monde dehors soit heureux /Son petit homme depuis longtemps / a enjambé la mer /N’est jamais revenu /Alors Tomaline lasse d’attendre / Un morceau de ciel /Contre un morceau de terre / Qui rende la vie belle / Tomaline un jour comme ça / A fermé sa case et puis ses yeux /Pour rendre la mort belle / C’est pas facile à dire / Tomaline est morte aujourd’hui / Et il n’y a personne / Pour la pleurer… Fort-de-France, Martinique, 1988.
Edouard Glissant
Il y a des endroits / Qui t’attendent /Comme à chaque / Semaine / Cette anse / Près de Sainte-Marie/ L’Aiglon / Au flan de la Pelée / Fond Fleurie / Entre Diamant / Et Petite Anse/ Le petit port/ Du Prêcheur / La rue devant /De BassePointe / Un bureau déserté / Une plume / Une maison vieille / Et douce / Aux angles pas finis / Un trou / Au mitan de moi / Et la soif…/ L’inextinguible / Soif Boulogne, Hauts-de-Seine, 2008
M.R. , 13 mars 2009
*Elle & Elle (Entre chienne et louve), de Fred & Marijosé Alie,
Textes : Marijosé Alie
Peintures : Fred Alie
HC Éditions
105 pages, 14,50 €
Laisser un commentaire