Le 20 mars 2010, Gisèle Bourquin prononçait un discours durant l’Assemblée Générale de l’Alliance Francophone au Pavillon Dauphine à Paris.
20 mars 2010
Altesse royale, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et messieurs les ambassadeurs, mesdames et messieurs les présidents, chers amis.
Je vous remercie de m’avoir invitée à intervenir à l’occasion de ce 20ème anniversaire de l’Alliance Francophone. Les principales étapes de ma vie s’inscrivent toutes, en effet, dans une perspective de défense de la Francophonie. Et le thème retenu pour cette journée le rôle de la francophonie et de la culture dans les politiques de coopération et de développement ravive en moi bien des observations faites à l’époque où je vivais à l’Étranger.
En effet, mes années d’études sur l’œuvre d’Aimé Césaire, puis sur les littératures orales, m’ont menée, jeune femme, à Kisangani, où j’ai été chargée d’enseigner la littérature française à l’Université libre du Congo. J’ai découvert ainsi un vaste pays où le français cohabitait avec diverses langues vernaculaires.
Ensuite, ma vie privée m’a conduite en Iran où, comme au Zaïre, je me suis trouvée impliquée dans de nombreux programmes culturels. Sans entrer dans les détails, ces expériences, par ailleurs fort enrichissantes, ont été, pour moi, l’occasion de déplorer la frilosité de nos instances culturelles d’alors : Et ce, tant pour ouvrir nos établissements scolaires aux jeunes francophones « en devenir», que pour partager notre culture ! Cette frilosité isolait ces instances, les empêchant même d’aller à la rencontre de personnalités issues de nos universités et qui auraient pu constituer de puissants leviers de diffusion de notre culture au sein de ces pays.
C’était il y a vingt ans, peut-être plus. À mon sens, nos instances culturelles n’avaient pas encore appréhendé la place que devait tenir la francophonie en tant que véhicule culturel dans les politiques de coopération et de développement. Par la suite, mes diverses activités m’ont permis de rester sensible aux différences culturelles et d’observer les effets bénéfiques des interactions entre ces différences, qui, gérées avec respect et intelligence, deviennent des sources d’enrichissements réciproques. Percevant le rôle primordial des femmes dans ces échanges, j’ai ressenti la nécessité d’y répondre en créant Femmes Au delà des Mers, association au service d’une francophonie revisitée.
En effet, les politiques de coopération et de développement reconnaissent enfin, le rôle essentiel des femmes dans l’éducation, donc, dans la transmission des valeurs et ce, sous tous les cieux. Dans le même temps, les femmes s’avèrent désireuses de se faire entendre, de communiquer et, surtout, d’affirmer leurs différences, leurs spécificités culturelles. Les femmes d’au delà des mers, notamment, sont porteuses d’un savoir, de richesses culturelles inexploitées et fort diverses en raison de leur éparpillement géographique à travers le monde et d’évolutions historiques multiples. L’objectif de l’association est donc de mettre en lumière ces savoirs, de stimuler les échanges dans le cadre d’une francophonie qui facilite grandement les rencontres actuelles… Mais que nous déborderons peut-être un jour… Quand les femmes d’au-delà des mers parviendront à faire une ronde tout autour du monde, les femmes du Nord main dans la main avec les femmes du Sud ! J’ai plaisir à noter que les femmes polynésiennes avec le club de la francophonie se sont rapprochées des conseils de femmes de Nouvelle Calédonie pour créer l’union des femmes de l’Océanie francophone avec l’appui de l’OIF . .
Entreprendre exige, en effet, d’être habité par un grand rêve afin d’avoir l’énergie d’en transposer une part dans la réalité, avec le concours de toutes les bonnes volontés, celles des femmes comme celles des hommes de tous les pays ! Depuis son lancement, en mars 2008, sous le regard bienveillant de notre amie Michèle André, l’association a développé ses activités dans une telle perspective : F.A.M a participé, :par exemple, à un hommage à Aimé Césaire rendu à la Sorbonne, en octobre 2008 ; l’association a organisé une conférence sur les récifs coralliens, patrimoine de la planète, en mars 2009, après avoir été invitée à exposer son programme, lors de l’inauguration de la Maison de la Nouvelle Calédonie à Paris, en décembre 2008 ; Elle était présente lors du colloque au féminin Plurielles organisé par les Marianne de la diversité en mars 2009 où il m’a été demandé, une fois encore, de parler d’Aimé Césaire ; Et en janvier 2010, F.A.M proposait une passionnante visite-conférence de l’actuelle exposition du Musée Dapper l’art d’être un homme. En vous rendant sur le site de l’association www.femmesaudeladesmers.com, vous en saurez bien davantage sur nos activités qui, à leur modeste échelle, devraient contribuer à accroître le prestige de la francophonie :
Aujourd’hui, F.A.M se préoccupe intensément de rechercher des femmes originaires d’au-delà des mers, résidant dans leur pays d’origine ou disséminées à travers le monde, ayant des profils insolites, telle cette femme originaire de Nouvelle Calédonie qui aurait reconstitué le parfum de Néfertiti et qui crée des parfums pour les marques les plus prestigieuses : cette artiste en parfumerie déclare ne trouver son inspiration que dans son île natale. FAM s’intéresse à tous les itinéraires singuliers, notamment à tous ceux dont l’exemplarité mérite d’être soulignée. F.A.M souhaite ardemment les faire connaître du plus grand nombre possible d’autres femmes afin de susciter l’émulation chez certaines d’entre elles. FAM se propose de créer un fonds afin d’éviter la perte de ces richesses patrimoniales, fonds dont le web, avec la création du site, permet dès aujourd’hui d’envisager l’enrichissement incessant, avant d’en venir à une fondation, centre de conservation des archives, photos et autres oeuvres accueillies et recueillies. En 2011, année de L’Outre Mer, FAM espère d’ailleurs publier un recueil de portraits de femmes d’au-delà des mers. Bien entendu, FAM, invitation à la rencontre de l’autre, représente un projet ambitieux…qui exige des moyens. Nous comptons sur ses partenaires et sur les nombreux amis qu’elle s’efforcera de ne jamais décevoir. Nous serons heureux de vous retrouver et de pouvoir poursuivre le dialogue au siège de l’association à Passy, nous ne manquerons pas de vous inviter à chacune de nos manifestations. Ne sommes-nous pas les uns et les autres messagers de la francophonie, donc appeler à ne jamais nous perdre de vue ? Je vous remercie de votre attention.
Gisèle Bourquin
Femmes au-delà des mers
Maison des associations
14, avenue René Boylesve
75016 Paris
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