Samedi 15 juin à 10h45, Anne Hidalgo (Première adjointe au Maire) et Philippe Goujon (Maire du 15ème et député de Paris) inauguraient la place Jenny Alpha dans le 15ème arrondissement en présence de la famille.
Femmes au-delà des Mers a eu l’honneur d’assister à cet événement, une fête qui était à l’image de Jenny Alpha : belle, harmonieuse et sobre ! Le partage était le maître mot et la cérémonie a rassemblé ceux qui comptaient aux yeux de Jenny.
Philippe Goujon a salué l’engagement artistique et politique de Jenny Alpha qui tout au long de sa carrière s’est battue pour la reconnaissance de la culture créole. Cette femme, progressiste par ses actes, résistante durant la seconde guerre mondiale, a toujours refusé les catégorisations que l’on lui imposait. Elle a ainsi apporté sa pierre à l’édifice du patrimoine culturel français. L’inauguration de cette place dans le 15ème arrondissement, où elle vécut plus de trente ans, est un moyen de lui rendre hommage.
Anne Hidalgo s’est associé aux propos de Philippe Goujon en rappelant que Jenny Alpha a marqué nos vies et celles des gens de la culture, par sa simplicité, son optimisme, son engagement constant et sa volonté de transformer le monde. Dès 19 ans, Jenny Alpha, choisit de s’installer à Paris. C’est dans cette ville qu’elle apprend le créole, qu’elle découvre le concept de négritude et participe au Premier Congrès des écrivains et artistes noirs. Tout comme Joséphine Baker elle cultivera deux amours : son pays et Paris.
Après les allocutions des élus, le témoignage de sa nièce, Nicole Alpha, un groupe d’artistes (Martine MAXIMIN, Samuel LÉGITIMUS, Sylvie LAPORTE, David LÉGITIMUS, Renn LEE accompagnés par Renaud SPIELMANN à la guitare) ont récité en son hommage deux poèmes « Toits de Paris » et « Éclaircies » suivis de l’interprétation musicale de La Sérénade du Muguet, « sa chanson préférée, qu’elle entonnait souvent », et de La complainte de la pauvresse. La chanteuse a fait revivre pendant quelques minutes la voix de Jenny Alpha, dont la présence était soudain presque palpable dans l’assemblée. Le public en cœur a alors fredonné ces notes qui lui étaient si chères.
L’association Femmes au-delà des Mers s’est toujours sentie proche et attachée à la destinée de cette comédienne, chanteuse et figure de la culture antillaise[1] :
Le 19 février 2009, Femmes au-delà des Mers assistait à la projection privée au cinéma la Pagode, du film, Un siècle de Jenny, réalisé par Fédérico Nicotra et Laurent Champonnois en hommage à Jenny Alpha. L’association s’était ensuite rendue aux côté de la comédienne à une réception donnée en son honneur dans les salons du Secrétariat d’Etat à l’Outre-Mer[2] .
Au printemps 2010, le Musée Dapper avait pu lui rendre un bel hommage privé qu’elle avait honoré de sa présence.
A l’occasion de son 100ième anniversaire Jenny Alpha offrait, le 25 avril 2010, une interview exceptionnelle sur RFI dans l’émission « Terres d’Outre-mer », écouter l’intégralité de ce riche témoignage :
Le 29 juin 2010 à la veille de l’assemblée générale de l’association, Jenny Alpha avait pris le soin de téléphoner elle-même pour s’excuser de ne pas pouvoir venir : »elle était fatiguée ».
Deux mois après ces divers évènements, le jeudi 8 septembre 2010, elle nous quittait. L’association, dans sa plus grande peine, s’était associée aux nombreux hommages[3] rendus à cette femme d’au-delà des mers dont le parcours exemplaire est aujourd’hui encore une magnifique leçon d’affirmation de soi, d’énergie et de joie de vivre mises au service d’un grand talent.
Gisèle Bourquin avait alors tenu à rappeler son humilité toujours prégnante : « Ce que je retiens c’est son talent certes, mais surtout son élégance, son respect de l’autre, je dirais même son extrême politesse. Elle semblait sincèrement étonnée et émue des nombreuses marques de reconnaissance que l’on lui témoignait ou simplement des égards que l’on avait pour elle. Pour cette grande dame rien n’était un dû. […] Elle ne semblait pas mesurer tout ce qu’elle a apporté au monde des Arts, à la femme et à toute notre jeunesse. »
Jusqu’à aujourd’hui, elle reste présente dans nos mémoires, la cérémonie de ce samedi en était d’ailleurs un beau témoignage. Ses traces et l’héritage qu’elle nous offre ont marqués notre patrimoine commun et ses racines continuent de nourrir notre culture vivante.
Le plus grand hommage à lui rendre c’est de suivre le chemin qu’elle nous a tracé.
Juin 2013, VG
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